samedi 23 août 2014

Premiers pas mouillés.

J'ai emménagé dans l'appartement. Celui-ci est en très bon état, très lumineux grâce aux fenêtres qui couvrent toute la largeur des pièces. Je rencontre Cristian, Mula de son surnom, mon colocataire chilien de 34 ans, designer industriel pour des usines de meubles de ce que j'ai compris. Mula parle un espagnol plutôt compréhensible mais pas évident non plus pour autant. Il a pris une pause dans sa journée de travail pour venir m'ouvrir et repart donc vite, mais non sans m'avoir fait faire un petit tour de quartier pour voir les premières nécessités : boulangerie en face de l'appartement, pharmacie, bar, et également un commerce de proximité qui vend de tout, depuis les journaux et autres barres de chocolat jusqu'à la nourriture pour chat.

Car oui, nous avons un chat. ¡ Hola Ernesto !
Je profite du reste de la journée pour déballer un peu mes affaires et prendre mes marques. L'après-midi, une petite ballade s'impose jusqu'au río Mapocho. Le soir, je rencontre Charles, un Français actuellement en stage à la Chambre Franco-Chilienne, celui dont je vais prendre la relève dans une semaine. Il m'emmène dans un bar du coin pour découvrir le pisco sour (prononcer "piscosaweur"), le cocktail national, fait à base d'un alcool de raisin, le pisco, mélangé à du jus de citron, du sucre et du blanc d’œuf. Chiliens et Péruviens s'en disputent la paternité farouchement, et effectivement voici qu'arrive Carla, colocataire péruvienne de Charles. Ce n'est pas le moment de rentrer dans le débat... Toujours est-il que c'est très bon et que ce brave pisco va sans doute vite devenir un incontournable de mes soirées chiliennes !

Cap ensuite sur Bellavista. Bellavista, c'est le quartier des bars et de la vie nocturne. Situé à deux kilomètres de là, pour y aller nous prenons le...taxi ! Les taxis sont le moyen de transport le plus commode à Santiago et sont surtout suffisamment peu chers pour pouvoir se les offrir : effectivement, l'aller-retour de Providencia à Bellavista (ces noms ne laissent-ils pas rêveurs ?) nous aura coûté cinq euros, à se partager entre les trois passagers que nous étions.

Voitures noires, toits jaunes, plaques orange : les taxis pullulent à Santiago, et probablement encore plus à Providencia.
Soirée chilienne très sympathique où finalement les plus grands absents auront été... les Chiliens, car entre les deux Français et la Péruvienne que nous étions, et le Colombien qui nous a servi, on aurait pu se demander dans quel pays on était. Découverte ce soir du cocktail terremoto ("tremblement de terre"), de l'alcool assez fort servi avec un glace qui inhibe son goût et le rend donc particulièrement traître.

Le lendemain, réveil tranquille avec la tête qui tourne un peu. Devant ma tête en pétards, je décide de la nécessité de prendre une douche. Mula m'a certifié et démontré hier que celle-ci marchait, et c'est donc en pleine confiance que je m'avance dans cette salle de bains dont la fenêtre ne se ferme pas (super quand la température extérieure est plus basse que 10°C !). Mais après mon premier savonnage, impossible de ré-obtenir de l'eau chaude : celle-ci s'obstine à rester froide GELÉE du genre ruisseau descendant tout droit de son glacier. Il est neuf heures du matin, je suis couvert de savon, l'eau est à une température décemment inimaginable, la chaudière ne marche pas et Mula dort à poings fermés : je suis perplexe. Finalement après moult tergiversations je réussis à faire fonctionner la chaudière, et alternant tant bien que mal entre eau à 50 °C et eau à 5 °C, je me lavai proprement, au point d'en faire un pléonasme.

Petit bilan. Je viens de boucler 24 heures sur le sol chilien. J'ai mangé au Chili, j'ai bu au Chili, j'ai dormi au Chili, je me suis lavé au Chili, et j'ai survécu au Chili. Je descends me prendre une petite empanada pour fêter ça.

Hier, il faisait moche ; aujourd'hui, il pleut. Avec tous ces nuages je n'ai toujours pas vu la fameuse Cordillère des Andes depuis Santiago ; à peine l'ai-je entraperçue dans le taxi entre l'aéroport et la ville.

Santiago sous la pluie. Je suis assez fan des deux palmiers juste en face de ma chambre.
Je rejoins Charles qui m'explique qu'à Santiago les pluies sont tellement rares qu'il n'y a quasiment pas de système d'évacuation d'eau. Effectivement, une demi-heure après le début des pluies, les canalisations débordent déjà et répandent de merveilleuses odeurs de par les rues. Nous trouvons refuge à la Fuente Alemana, un restaurant gastronomique "typiquement chilien" en débit de son nom, indiqué par Charles.

Voilà ce que devrait être un Big Mac si Mac Donald's respectait les proportions de ses publicités dans ses restaurants.
Donc oui, c'est un énorme burger, avec plein de bouts de bœuf, de la sauce à l'avocat et de la mayo. L'avocat étant déjà à la base le légume le plus gras ou pas loin. En fait, aux dires de Charles, la moitié des Chiliens sont gros et c'est simplement parce qu'ils mangent n'importe quoi, comme ce brillant dégoulinant exemple. Le restaurant n'est constitué que d'une unique pièce partagée entre la cuisine et les clients : il est donc possible de s'asseoir face aux cuistots et de les voir mettre une énorme louche de mayonnaise sur leurs pains avant de réaliser que le sandwich en préparation est le même que le sien.

J'aurais bien visité le centre de Santiago cette après-midi mais le temps ne s'y prête guère ; Charles devant travailler son mémoire de fin d'études, je rentre à l'appartement où Mula n'est toujours pas levé à 15h et passe l'après-midi sur l'ordinateur en en profitant pour donner quelques nouvelles aux amigos restés en France.

Un rayon de soleil dans une journée bien pluvieuse.
En début de soirée, des vibrations secouent un peu le lit. Je commence à m'étonner que le voisin du dessus fasse à ce point trembler les murs en faisant son sport quand...


Là c'est trop fort pour être un simple coco qui fait ses exercices à fond. C'est un tremblement de terre qui est en train de passer ! Ouah. Ça dure 6 ou 7 secondes et ça secoue pas mal. Je partage ma stupeur avec mes interlocuteurs Facebook du moment. En ville, aucun dégât, quelques voitures ont klaxonné mais c'est tout. Normal. Après investigation, il s’avérera que le séisme était d'une magnitude de 6,4 sur l'échelle de Richter, ressenti autour de 5 à Santiago. Finalement, le terremoto d'hier soir était précurseur... Mon coloc sort de sa chambre pour la première fois de la journée et me dit : "Deuxième jour au Chili, et premier tremblement de terre ! T'es un veinard, toi." Bienvenue au Chili.

2 commentaires :

  1. Trop sympa de suivre tes premiers pas au Chili, illustrations à l'appui, on s'y croirait...
    Au fait, tu lui as fait quoi à Ernesto: une overdose de pisco?

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  2. Ah ah ce chat aime les positions improbables ! Je pense qu'il passe plus de temps à l'envers qu'à l'endroit !

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